Devenir Paysan en Voyageant
"Notre PPP : Parcours pour réaliser des Portraits de Paysans "
Le Chili une terre déjà un peu connue
La dernière grande étape de notre voyage est donc le Chili où nous sommes arrivés fin novembre par le nord après 60h de bus depuis l’Equateur !!!
Le chili est un pays en parti connu par Céline qui y a fait 6 mois d’étude en 2011u sein du pole agriculture de l’université Austral à Valdivia (dans la zone sud aux portes de la Patagonie).
Nous avons passé les 2 premières semaines à faire du tourisme avant de rejoindre Santiago la capital où nous avons des contacts. Le Chili étant un pays qui ressemble plus à l‘Europe et où les productions sont plus proches de ce que nous trouvons en Europe (climat très semblable dans le centre du pays) nous concentrons cette dernière grande étape autour de notre projet d’installation et de rencontres très ciblés en lien avec notre retour en France (prévu le 7 avril 2016)
Découvrez nos différents points de chute en cliquant sur les liens suivants :
Notre découverte de la permaculture dans « La Ecoescuela del Manzano »
La rencontre des deux CET du sud du Chili
Chiloé et sa reconnaissance au Patrimoine Mondial pour la richesse de son agriculture.
Quelques photos de nos étapes touristiques entre le nord du Chili et Santiago : San Pedro de Atacama et La Serena
Les geysers de tatio dans le désert de l'Atacama à plus de 3000m d'altitude
Le désert de l'Atacama un des déserts les plus arides au monde
La Serena
La vallée de l'Elqui et son délicieux Pisco ! !
Le voyage se poursuit en stop vers le sud
Découverte de la permaculture dans « La Ecoescuela del Manzano »
Nous avons passé un mois, au sud de Santiago du Chili, dans la région du Bio Bio pour découvrir les principes de la permaculture en suivant une formation d’initiation et en travaillant comme volontaire sur la ferme. Cet article a pour but de présenter des éléments généraux de la permaculture, mais une étude plus approfondie est essentielle pour saisir l’ensemble du concept.
La permaculture en quelques mots :
La permaculture est un terme co-crée par Bill Mollison et David Holmgren dans les années 70 qui unit agriculture et production permanente d’où Perma-culture (agriculture et culture permanente). Ce terme fait référence à un style de vie qui respecte la nature et les êtres vivants. La permaculture se base sur une étique: la protection de la terre, des personnes, la distribution des excédents et la diminution de la consommation. Ainsi c’est un nouveau modèle agricole basé sur une production élevée, un apport en travail réduit et la recherche d’autonomie du système dans le respect de l’Etique. Cependant ce modèle s’applique à l’ensemble de notre système et se développe afin de créer un véritable changement en profondeur de notre mode de vie qui permettra d’échapper au collapse prévu de notre société moderne (fin du pétrole, augmentation des inégalité ; changement climatique…)
Les grands principes de la permaculture :
La permaculture n’est pas un technique qui s’applique et se reproduit, mais c’est une marche à suivre afin d’améliorer notre société. Elle est fondée sur l’observation méticuleuse des méthodes et motifs de la nature. La nature ne nécessite aucun travail et fonctionne en cycle fermé sans produire de déchets, mais de hauts rendements. Au travers de ce nouveau terme, nous cherchons à copier le travail de la nature et à l’appliquer à l’agriculture, à notre économie et à l’ensemble de notre société sans exclure l’utilisation des sciences et de la technologie moderne.
Elle tourne autour de 12 grands principes qui sont :
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Observer et interagir. Nous considérons qu’avant de changer de modèle il est important de changer notre regard sur notre société et prendre le temps d’observer le fonctionnement et la richesse de la nature qui nous entoure.
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Capturer et stocker l’énergie ( exemple avoir un réservoir d’eau de pluie…)
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Obtenir un rendement pour le travail fourni. Les efforts doivent payer.
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L’autorégulation et la rétro alimentation : « change le monde en te changeant toi-même »
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Utiliser et valoriser les services et les ressources naturelles. La nature produit de nombreux services que parfois nous n’imaginons pas. Nous devons réapprendre à observer notre environnement pour capter ces services et ainsi limiter le collapse, arrêter de produire des déchets. Nous nous polluons nous-mêmes et ainsi nous coupons la branche sur laquelle toute notre société est basée !
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« Dessiner » depuis les motifs jusqu’aux détails. Par exemple, nous pouvons utiliser le motif de la toile d’araignée pour organiser notre lieu de vie afin de le rendre plus efficace et fonctionnel et en accord avec la nature.
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Intégrer plus que ségréger. La connexion entre les éléments de notre environnement doit être considérée de nouveau afin que chacun comble les besoins des autres. Un élément doit avoir au moins deux fonctions (une poule pond des œufs et nous donne de la viande) et utiliser des solutions petites et lentes. Pour changer le monde, il faut commencer par chez soi et des actions que l’on pourra vraiment mener et qui seront pérennes.
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Utiliser et valoriser la diversité. Une même fonction doit être assumée par au moins 2 éléments pour sécuriser notre système (notre électricité provient du réseau national, mais aussi de panneaux solaires, par exemple)
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Utiliser les limites et valoriser le marginal. Les limites entre deux environnements sont toujours plus riches et diversifiées ce qui augmente la productivité. Il est donc important
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Utiliser et répondre de manière créative au changement. « La vision ce n’est pas de voir les choses, comme elles sont, mais comment elles seront »
Nous et la permaculture
Au travers de ces 12 principes la permaculture propose de repenser le système dans lequel nous vivons afin de le faire coïncider avec une vraie durabilité. La première étape consiste a d’abord changer notre vision en nous modifiant nous-mêmes, puis de voir notre société différemment afin de la modifier en profondeur et proposer une réelle alternative.
La formation que nous suivons est une initiation à la permaculture et donc nous apporte des connaissances générales, mais surtout de nombreuses remises en question sur le fonctionnement de notre société. Nous sommes un bon groupe avec une grande diversité culturelle (péruviens, chiliens, boliviens, panamiens, irlandais, italiens…). Chacun vient avec ses propres idées (installation agricole comme nous, changement de vie, création d’écoles alternatives….) Il est très intéressant de confronter les projets de chacun, mais surtout de réaliser que nous souhaitons tous aller dans le même sens quelque soit notre nationalité.
A la rencontre des deux CET du sud du Chili
Durant le cours de permaculture nous avons découvert le CET (Centre d’Education et de Technologie pour l’espace rural) de Yunbel. Lors de notre visite de l’ile de Chiloé nous sommes allés à la rencontre du CET de l’île. Ces CET sont des centres de formation et d‘appui technique pour les petits paysans. Ce sont des espaces à la fois de productions sous forme d’expérimentation, mais aussi de formation. Des formations sur différents sujets en adéquation avec les besoins de la région sont organisées : production de ses propres semences, développement de l’apiculture biologique… Ces centres ont l’avantage de fournir un espace de pratique et de démonstration pour les paysans. Les techniques présentées sont souvent ‘ bas coût et réalisées avec des matériaux recyclées, comme des bouteilles plastiques pour fabriquer des pompes pour le réseau d’irrigation. Ces CET regorgent d’une mine d’informations et d’idées pour accompagner les paysans du territoire. Le CET de Chiloé, lui est focalisé sur la préservation des variétés de pommes de terre de l’île. Ainsi chaque année, plus de 250 variétés différentes sont semées pour permettre de conserver et développer ce patrimoine en distribuant les graines aux paysans pour qu’ils les multiplient.
Les CET ont aussi un très grand rôle à jouer dans l’accompagnement technique des agriculteurs directement sur leur ferme. Les techniciens sont financés par l’état pour réaliser cet appui technique agroécologique. Cependant, nous avons appris que ce même état chilien finance aussi l’appui technique conventionnel et la distribution chez les petits pays de produits phytosanitaires. Les paysans reçoivent ainsi parfois deux appuis techniques contradictoires. L’état souhaite par ce comportement schizophrène satisfaire les deux modèles de développement agricole, mais au final, c’est le paysan qui se retrouve perdu et coincé entre les deux structures d’accompagnement qui ont des discours totalement opposés.
On ne peut que déplorer ce comportement de la politique nationale qui souhaite toujours favoriser l’agriculture conventionnelle sans donner tous les moyens á ce type de centres (CET) de vraiment se développer á plus grande échelle.
Chiloé et sa reconnaissance au Patrimoine Mondial pour la richesse de son agriculture.
Depuis 2012, l’Archipel de Chiloé a été reconnu `par les Nations Unis comme « Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial » (SIPAM). Les SIPAM sont définis comme “ des systèmes remarquables de paysages et d’utilisation des terres, riches en une biodiversité d’une signification globale. Celle-ci résulte de la coadaptation d’une communauté aspirant au développement durable avec son environnement, en particulier en ce qui concerne ses besoins » (FAO 2002).
Les produits les plus emblématiques mis en évidence par cette reconnaissance sont la pomme de terre, l’ail géant, le seigle, mais aussi les races de moutons et les produits dérivés de la mer. « La conservation d’une diversité génétique d’une telle richesse fournit un service social et économique majeur aux habitants de l’île en assurant une nutrition, un bien-être et une résilience améliorés, dans la mesure où de nombreuses variétés sont résistantes aux agents pathogènes introduits et aux sécheresses qui affectent de plus en plus cette région. » (Extrait : Systèmes Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial Un héritage pour le futur)